LE MOT DU GROUPE • bulletin communal n°54
Vous le savez peut être : la plus grande peur de l’homme est la différence. Et oui !
Quelques preuves. Un beau matin vous vous réveillez et vous dites à votre petite famille :
« Et si on changeait ce meuble de place ». Aussitôt, une levée de boucliers : « Mais pourquoi ? C’est bien comme ça ! T’es sûre qu’on aura plus de place ? Va falloir repeindre, … ».
Il vous faudra sans doute beaucoup de patience pour obtenir l’assentiment de chacun.
Aujourd’hui, vous annoncez que vous allez faire une heure de vélo chaque semaine. « Ah, oui ! Toi, du vélo ? Ca va durer combien de temps ? » Mais, au fond, qu’est-ce que ça peut faire aux autres que je le fasse ou non ? Peut-être que ça ne changera même rien pour eux puisque je serai présente au petit déjeuner. Alors ?
Dans la rue, nous voyons arriver une dame poussant un enfant handicapé… Oups ! Un pincement au cœur, sourire figé et petit pas sur le côté.
Il est vrai qu’il y a 50 ans à peine, toutes les différences étaient cachées, on en était gêné. La honte habitait la famille.
Et si c’était nous ? Et si nous étions amenés à pousser la voiturette ? Il est fort à parier que notre réaction serait toute autre. On serait sans doute fâché de voir ces personnes mal réagir, on se sentirait rejeté, on ne comprendrait pas pourquoi, on se dirait qu’on n’y peut rien. Après tout, c’est déjà assez dur comme ça d’assumer ce poids au quotidien. On serait bien heureux de trouver un centre pour nous accueillir, nous accompagner et soulager ce petit bout né différent.
Dans les sociétés anciennes, chez les Indiens, on court demander conseil chez le plus ancien du village.
Chez nous, dès 60 ans, nous devons fuir parce que nous dérangeons. Plus productif, alors, dehors ? Peut plus rester chez soi parce que la maison n’est pas adaptée, peut pas aller chez les enfants parce qu’ils travaillent. Alors, quoi ? Se déraciner ? Partir dans une maison qui veut bien nous accueillir à Liège, à Verviers ou à Hoût-si-Plou parce que dans notre village, aucune infrastructure ne peut ou veut nous accueillir ? Vivre en fugitif et en perdre la tête ?
Jusqu’à présent, le milieu rural était reconnu pour son humanité, son acceptation des différences, sa plus grande tolérance.
A Anthisnes, nous désirons maintenir ces valeurs de solidarité et de chaleur humaine, et nous espérons que la peur du changement, de la différence, ne poussera personne à s’opposer à ce que jeunes et moins jeunes, valides ou handicapés, autochtones ou allochtones puissent y trouver leur place.